Le point sur la pandémie Covid au 23 avril 2021
Dr HAMONIC, Commission médicale BFC
I Actuellement, ou en est-on ?
Quels sont les critères pour apprécier la gravité sanitaire de la pandémie Covid ?
Parmi les nombreux indicateurs épidémiques utilisés pour apprécier la dynamique et la gravité de la pandémie Covid (taux de positivité des tests, taux de dépistage, taux d’incidence, taux de reproduction d’un virus R0…), les taux d’incidence sont les plus aisés à utiliser.
Le taux d’incidence représente le nombre de personnes testées positives sur une population de 100 000 habitants.
Il reflète la circulation virale dans un territoire (national, régional, local) et permet d’apprécier la dynamique de l’épidémie. Ainsi, l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne Franche-Comté publie toutes les semaines les taux d’incidence par département en apportant des observations.
Il existe 2 taux d’incidence : un taux d’incidence pour la population générale, un autre pour la population des personnes âgées de plus de 65 ans, l’infection Covid étant plus sévère pour ces derniers.
Cependant, l’indice des +65 ans recouvre des réalités très disparates (personnes menant une vie sociale active, personnes hébergées en structure médico-sociale, hospitalisées…).
Si l’indice des +65 ans est toujours inférieur à l’indice population générale (effet de la vaccination ? auto confinement des plus âgés ?), les 2 indices évoluent parallèlement soit à la hausse soit à la baisse.
Chiffres en Bourgogne Franche-Comté :
La Bourgogne Franche Comté est touchée depuis mi-mars par une 3ème vague épidémique. Le taux d’incidence régional dans la population générale a doublé en moins d’un mois pour atteindre des valeurs élevées supérieures à 350 avec de fortes disparités départementales ; ainsi, le Doubs a atteint des valeurs supérieures à 500. Depuis quelques jours, le niveau de circulation virale commence à diminuer mais demeure encore très élevé, l’indicateur régional (encore proche de 300) restant plus de 5 fois supérieur au seuil d’alerte.
On observera avec attention l’évolution de ces chiffres dans les prochaines semaines. On rappelle que les moyens d’agir sur ces chiffres passent par le respect des mesures de prévention (respect du couvre-feu, des mesures de distanciation, des gestes barrières), du recours au dépistage et de la réalisation de la vaccination.
Pour retrouver une vie sociale d’avant Covid sans contraintes particulières, il faudrait que les taux d’incidence soient inférieurs à 10/100 000…
II Quand pourrons-nous reprendre notre vie d’avant Covid ?
On se pose tous cette question. Relâcher les mesures de contrôle et reprendre une vie normale ne sera possible que si certaines conditions sont réunies.
Cela dépendra de plusieurs facteurs :
- Du contexte épidémique national et international de circulation virale, de la nature des variants…
- Des taux d’incidence observés en France
En été 2020, les taux d’incidence en France étaient inférieurs à 10, le virus circulait donc peu. Cela nous a permis de mener une vie sociale presque normale. Mais le relâchement collectif des mesures de distanciation et gestes barrières a sans doute favorisé la circulation virale. On a assisté à l’élévation progressive et inexorable des taux d’incidence à partir de fin août pour atteindre 500 fin octobre justifiant les mesures sanitaires de confinement.
- Du taux de couverture vaccinale
Au 22 avril 2021, 70% des personnes âgées de plus de 75 ans ont reçu une dose de vaccin, 50% 2 doses. Pour les 70-74 ans, 66% ont reçu une dose, 16% deux doses, et les 65-69 respectivement 43% et 8%. Nous disposons de vaccins anti-covid efficaces, réduisant d’au moins 90% la survenue de formes graves et de 80% du risque d’infection, de transmission et donc la circulation virale et de protéger ainsi de façon indirecte les plus fragiles d’entre nous.
- De l’Immunité collective
- De quoi s’agit-il ?
L’immunité collective correspond au niveau de la protection immunitaire minimum d’une population vis-à-vis d’un agent infectieux. Une fois ce niveau atteint, l’épidémie s’arrête.
L’immunité est obtenue après vaccination (immunité post-vaccinale) et après infection covid (immunité post covid).
Dans les 2 cas, la production d’anticorps protège les personnes et casse les chaînes de transmission du virus. La maladie s’éteint.
Pour atteindre cet objectif, il faut qu’au moins 80% de la population soit immunisée toute classe d’âge confondue. Les épidémiologistes considèrent alors que l’immunité collective sera acquise. Mais Immunité collective ne veut pas dire absence totale de circulation virale ; si le risque collectif est alors très réduit, le risque individuel ne disparait pas pour autant. La vaccination de tous est donc nécessaire.
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- Quand sera-t-elle obtenue ?
Il est très difficile de répondre précisément à cette question. Elle dépendra de l’adhésion de tous à la campagne de vaccination, quel que soit son âge. Des études vaccinales pour les enfants sont en cours.
Des modèles mathématiques ont été établis par l’Institut Pasteur pour étudier l’impact de la vaccination sur la dynamique de l’épidémie. Ainsi, si la situation épidémique en octobre 2021 était identique à celle du printemps 2020, la vaccination de 90% des plus de 65 ans et de 70% des 18-64 ans serait nécessaire.
- De la durée de l’immunité vaccinale et post-covid
Cela demeure encore une inconnue pour l’immunité vaccinale. Le suivi sérologique de populations vaccinées nous permettra de répondre précisément à cette question.
L’apparition des nouveaux variants fait l’objet de l’attention de la Haute Autorité de Santé et peut nécessiter une adaptation de la stratégie vaccinale.
Pour l’immunité post covid, le taux de protection immunitaire semblerait être dépendant de la gravité de l’infection. On constate une baisse rapide de l’immunité pour les formes légères. Environ 5 500 000 personnes ont été testées positives en France.
- Le certificat vert numérique (pass sanitaire) est-il une solution ?
Il consisterait à prouver son statut immunitaire protecteur en mettant en place un document ad hoc individuel. Ce certificat, disponible gratuitement, attesterait qu’une personne a été vaccinée contre la Covid-19, a reçu un résultat négatif à un test de dépistage ou dispose d’un titre « suffisant » d’anticorps contre la Covid-19. Ce « certificat vert numérique » permettrait d’apporter la preuve de l’absence d’une contamination virale, pour voyager librement à l’étranger.
Ce certificat se justifie pour protéger les résidents du pays d’accueil de l’importation d’un virus. Il se rapproche des mesures de confinement pour des ressortissants de pays à forte épidémie notamment liée aux nouveaux variants.
Certains pays voudraient l’étendre à d’autres lieux.
L’extension du pass sanitaire à d’autres domaines n’est pas encore d’actualité en France. Le Comité Consultatif National d’Ethique (29 Mars 2021) a émis son avis sur le déploiement de ce type de dispositif. Celui-ci devra être borné juridiquement et nécessiter un cadre éthique de déploiement.
Il est difficile d’envisager la réalisation régulière de tests de dépistage pour les personnes non vaccinées avant chacune de leurs activités ! Une incertitude actuelle de transmissivité du virus par les sujets vaccinés existe encore. Toutefois, la transmission semble être abaissée de 10x après la 1ère injection et 20x après la 2ème, quel que soit le type de vaccin anticovid selon des études britanniques et israéliennes.
Le respect des mesures de distanciation, des gestes barrières et de la vaccination est le meilleur garant de notre santé individuelle et collective.
En conclusion, Soyons optimistes ! Qui aurait pu envisager la mise à disposition aussi rapide de vaccins efficaces ?
La réalisation de campagnes de vaccination de grande ampleur associée au respect des mesures de distanciation, des gestes barrières, de dépistage par la pratique de tests fera baisser les taux d’incidence et nous permettra de retrouver une vie sociale normale.
En attendant la reprise de nos activités, continuons à poursuivre régulièrement des activités physiques.